Se tenir devant une classe de trente élèves et leur expliquer ce que fut le génocide quand, parmi eux, se trouvent des enfants de survivants et des enfants de tueurs. Trouver les mots justes pour parler d’une histoire commune et qui pourtant sépare. Ne pas occulter la réalité, prendre garde aux mythes et aux rumeurs, panser les plaies sans les rouvrir. Pour expliquer le basculement dans la logique génocidaire, les historiens ont avec eux l’avantage du temps long. Ils peuvent prendre du recul, compulser des archives, comparer des témoignages, amasser des données chiffrées, décrypter l’enchaînement des décisions politiques. Si elle veut survivre et aller de l’avant, une société ne dispose pas d’une telle marge de manœuvre : il lui faut agir vite de manière à reconstruire une forme de vivre-ensemble. En la matière, l’éducation est sans doute le moyen le plus efficace, si ce n’est le seul, pour rebâtir solidement.
Documentaire Français – 2024 – 1 h 23 – Réalisation : Laëtitia Gaudin-Le Puil, Anne Jochum